+ Première anecdote
Il est partisan de la nourriture diététique et tout ce qui peut assurer un équilibre alimentaire. Après Min Yeon n'est pas du genre à manger beaucoup parce qu'il a fait une sleeve quand il était plus jeune, à ses dix-huit ans exactement. Ce qui explique sa perte de poids importante. Et oui, tout le monde ne naît pas avec un corps de mannequin, et Min Yeon n'était pas la définition de la minceur quand il était plus jeune loin de là. Parfois il lui arrive quand même de se faire plaisir hein, juste à petites doses. C'est pour ça que l'expression "appétit de moineau" lui va comme un gant : il picore plus qu'autre chose, et il est petit. Il a par ailleurs gardé des cicatrices de son passage sur le billard, une au dessous du nombril, et deux autres de chaque côté de son corps au niveau de l’aine.
+ Deuxième anecdote
Il a arrêté ses études à dix-huit ans, malgré les conseils de ses amis de rentrer à la fac. Il n'avait pas les moyens de payer l'université et ne voulait pas endetter ses parents. Et puis il a passé plusieurs mois à l'hôpital à la suite de son opération, difficile de travailler ses cours après. Mais que cela ne tienne, il a réussi à faire plusieurs stages dans des salons de beauté, mettant pas mal d'argent de côté, et depuis un an, il a ouvert son propre salon, qui commence d'ailleurs à avoir une bonne réputation dans Busan. Il a également passé à distance des cours pour se perfectionner dans le maquillage et les coiffures.
+ Troisième anecdote
Il a fait de la danse à la sortie de l'hôpital pour garder la forme, aider à la perte de poids et tout, et si au début il y allait avec une boule au ventre, depuis ça a bien changé. Il était devenu féru de ce sport et va plutôt facilement au studio de danse durant ses temps libres. Il se doute bien qu'il n'a pas un niveau professionnel, mais ça lui permet de décompresser et de se changer les idées. De même il va facilement à la salle de sport pour entretenir son corps. Un esprit dans un corps sain. Et puis bon il a assez joué au yoyo. Enrobé, maigre, il veut garder la silhouette qu’il a à présent.
+ Quatrième anecdote
Il n'est absolument pas du matin. Mais ce qui est marrant, ou non, c'est qu'il a une horloge biologique qui fait qu'il se réveille naturellement à sept heures tous les matins. Par contre il n'est opérationnel qu'une fois deux tasses de thé avalées. Sinon il marche en automatique le matin ce qui est plutôt mignon à regarder. D'ailleurs autre chose mignonne chez lui, il traîne très facilement dans des pulls trois fois trop grand, ou entouré d'un plaid. Il aime être à l'aise. Il a une tendance à se débarrasser de la plupart de ses vêtements chez lui, donc ne vous étonnez pas s’il vous accueille en boxer, il aura au moins la conscience d’être gêné.
+ Cinquième anecdote
Il n'a pas vraiment de bons souvenirs du lycée, sans aucun doute à causes des brimades qu'il a reçu. Il n'a gardé de cette période que peu d'amis, mais au moins il sait qu'eux ne le jugeront pas. D'ailleurs il n'est pas la personne la plus sociable du monde. Quelques amis sont suffisants pour lui. Le reste c’est des gens qu’il côtoie pour entretenir son image de papillon social, il n’ira pas jusqu’à les considérer comme des amis. Le pire c'est au niveau relation amoureuse. Il n'arrive pas à garder quelqu'un à ses côtés, et sa plus longue relation a duré six mois, avant qu'il ne rompe de peur de souffrir parce qu'il pensait qu'il n'y avait rien de sérieux entre eux. Honnêtement il est habitué aux histoires courtes et il a peur de s'attacher.
Sixième anecdote
Il vit seul dans un petit appartement. Et si ses parents lui ont déjà proposé de l'aider plusieurs fois, il a toujours refusé. Il ne veut pas leur causer plus de problèmes que nécessaire et puis c'est un peu sa fierté d'être indépendant. D'ailleurs pour pas mal de monde, il est un modèle de réussite sociale, après tout vingt-deux ans, son propre appartement, son salon de beauté, oui il s'en est sorti. Mais à côté il a des dettes à la banque et de ce fait, fait grandement attention à l'état de son porte-monnaie.
+ Mon histoire
Il n’avait toujours connu que l’île de Jeju et il n’allait pas s’en plaindre. Pour le peu qu’il avait mis les pieds à Séoul durant les voyages scolaires, il avait toujours trouvé la ville trop remplie, trop bruyante. Sympathique à visiter, mais il n’aurait pas été capable d’y vivre. Non Min Yeon était accroché à son île et allait sans doute y finir sa vie vu comment s’était parti. Pourtant il aurait toutes les raisons de quitter Jeju, de se refaire une vie ailleurs. Mais histoire de famille, de fierté mal placée, ou de peur de l’inconnu, il était resté sur l’île. Min Yeon faisait parti de ces enfants facilement embêtés pour son apparence. Autant le dire, le collège et le lycée n’ont pas été des parties de plaisir pour lui. Soyez différents des autres et pas dans le bon sens, et vous êtes sur d’être cataloguer comme un rebus de la société. Ses parents lui avaient proposé de quitter l’île, mais honnêtement qu’est-ce que ça aurait changé ? Non, alors au lieu de prier pour quitter la ville, il a supplié pour être opéré, conscient que les régimes n’étaient pas ou plus efficaces. C’était sa plus grande victoire. Il n’avait pas honte de ce qu’il était, de ce qu’il avait été, et il était immensément redevable auprès de ses parents.
Min Yeon avait toujours été un battant. Un battant défaitiste mais un battant tout de même. Il ne savait pas abandonner. Il était tenace. Pourtant il avait voulu abandonner durant sa convalescence, mais par respect pour ses parents, pour l’argent dépensé, et aussi parce que c’était sa vie. Il avait combattu l’horreur qu’était la balance, le dégoût de la nourriture, le fait d’être patraque le matin, de dépendre de médicaments, de devoir faire du sport, de s’accepter à nouveau dans le miroir, de se redécouvrir, de se découvrir. Tout un programme. Mais Min Yeon avait eu assez de cran pour faire face à tout ça. Il avait même eu assez de courage pour retourner sur la table de billard pour faire une deuxième opération et s’assurer de retrouver sa ceinture musculaire. Il en gardait même les cicatrices pour dire. Trois cicatrices au niveau du ventre. Une en dessous de son nombril, et deux autres de chaque côté de son corps au dessus de l’aine. Ca n’avait pas changé grand-chose. Il restait toujours Min Yeon, le gamin pas du matin, travailleur, studieux, minutieux. Mais il pouvait à présent avancer dans la vie sans être rejeté.
Et même s’il avait une tendance à être défaitiste, il avait continué à mettre les chances de son côté, travaillant à distance les différents diplômes qu’il voulait obtenir, décidant de se lancer dans le monde de la beauté. Car malheureusement le fait de ne pas être mince, beau comme un mannequin, lui avait vite ouvert les yeux sur la société coréenne et sur l’importance de la beauté dans ce pays. Il avait ainsi décoché son diplôme d’esthéticien avec en plus une formation en coiffure et maquillage. La plupart de ses stages lui avait permis de se confirmer facilement dans son domaine, et à vingt-ans il travaillait à plein temps dans un salon des quartiers riches de l’île. A vingt ans aussi, il changeait de compagnon, de compagne comme de chemise. Il n’arrivait pas à se fixer. Il n’y arrivait toujours pas d’ailleurs. Il n’était pas forcément la personne la plus sage du coin. Mais il n’était pas non plus quelqu’un d’ignoble pour autant. Tout le monde était au courant, il ne voulait pas se fixer et il était et resterait toujours une personne courtoise, prenant la vie comme elle venait.
Et la vie était venue. Ca avait commencé par une histoire d’un soir. Une soirée en boite avec les amis, beaucoup d’alcool dans le sang, il lui plaisait alors pourquoi pas. Oui pourquoi pas. Si ce n’est qu’ils étaient amis, faisaient partis de la même bande. Oui pourquoi pas. Après tant qu’ils pouvaient rester en bon terme, c’était ce qui importait. Sauf que l’histoire d’un soir, c’est transformé en deux, puis trois, puis quatre. Ils se voyaient souvent. On aurait pu croire que c’était charnel. On aurait pu. S’il n’y avait pas eu les restaurants, les journées en ville et tout ce qui allait avec. Tout sauf la déclaration, le côté réel, officiel. Et au bout de six mois, Min Yeon était perdu, le cœur à l’envers, les larmes aux yeux, ne sachant plus ce qu’il était, ce qu’ils étaient, ce qu’il y avait entre eux. Y avait-il au moins quelque chose entre eux ? Il en doutait. Il ne se trouvait pas assez intéressant et honnêtement et ironiquement à part son corps il n’avait rien pour lui. Juste un joli visage pour cacher la banalité. Alors il avait paniqué. Il avait préféré mettre fin à l’histoire, préférant redevenir amis. De toute façon personne dans leur entourage n’était au courant alors.
La rupture fut dure de son côté tout du moins. Il était difficile d’être celui qui arrête l’histoire, celui qui est censé ne plus avoir de sentiments alors qu’il avait le cœur rempli de sentiments pour cet homme. Il avait du se montrer fort, mais au final que son compagnon ait accepté sans vraiment s’opposer à sa décision l’avait autant conforté dans sa décision, que cela l’avait souffrir. Il avait perdu le goût à l’amour du peu qu’il avait pu l’avoir. Et Dieu que c’était difficile de toujours le voir, de toujours lui sourire alors qu’au fond il avait envie de pleurer, envie de le supplier de revenir avec lui. Mais pourquoi faire ? S’il avait accepté, n’était-ce donc pas parce qu’il n’y avait rien de réel, et tout de charnel entre eux ? Alors il taisait son corps, et il s’était occupé à côté, finalisant son prêt à la banque et ouvrant son propre salon de beauté. Cela fait maintenant un an qui gère le salon, qu’il y travaille d’arrache-pied. Ca fait maintenant un an et il a vingt-deux ans. Un an qu’il s’occupe, qu’il sort, boit s’agite revivant une jeunesse qu’il n’avait pas eu, un an qu’il enchaîne des relations courtes cherchant à oublier celui qu’il voit tant. Un an …
Mais combien d’années faudra-t-il encore pour oublier ?